Juju-la-trompette sonne la retraite
Cette année sans surprise les Aigles Noirs continuent d’être ambitieux. Certes les mauvais résultats et les déceptions s’enchainent saison après saison, mais à qui la faute ? Après avoir changé de terrain, investis dans du matériel dernier cri, revu à la hausse les primes de matchs, une évidence s’impose pour les Aigles Noirs, il faut enfin investir dans une direction sportive décente. Dernière étape d’un triomphe trop longtemps reporté. Comment une équipe pétrit de tels talents peut-elle encore végéter en D5 ? Avec le recul, il y a peu de place pour le doute. Les choix tactiques, les entrainements et même le coaching n’étaient pas à la hauteur de ces souliers d’or en puissance.
Suite à une habile transaction dont le Comité a le secret le coach actuel Laurent-Paul a laissé la plupart de ses prérogatives à Julien notre meilleur gardien. En échange, LP a obtenu la garanti de pouvoir venir avec sa glacière à l’entrainement et d’être titulaire pour toutes les troisièmes mi-temps. L’étoile filante, autrefois espoir de l’équipe est donc bel et bien en train de peaufiner, déception après défection, son naufrage personnel et moral. Car il ne faut pas s’en cacher, si officiellement le coach reste le même, c’est un roi nu-aubergine. Choix sportif, tactique, sélection, gestion des joueurs tout cela est dorénavant dans les (petites) mains du nouvel homme fort, qui devient Manager et joueur. Le coach quant à lui est plus proche que jamais de sa retraite sportive.
Qui est donc ce nouveau Mana-joueur ?
Julien, dis Juju-La-Trompette, est un gardien expérimenté qui a foulé de prestigieux terrains du bw, mais plus encore sa délicate cheville. Eternel revenant en Provincial, il est venu poser ces valises dans un environnement bien plus compétitif mais qu’il a brillamment conquis en une saison seulement ! Suite à cette nomination surprise nous avons pu échanger avec le néo-manager sur ses ambitions, influences et craintes.
Pour lui c’est clair, il faut sonner la retraite. Finis les chevauchées fantastiques, les attaques construites, les tikitaka tentés et les défaites humiliantes. Le coup de clairon est limpide, cette année on se replie pour mieux frapper. La-Trompette se veut pragmatique et ambitieux. La partition s’annonce austère mais implacable. Reste à accorder les violons et conquérir les cœurs mais mettre tout cela en musique n’effraye pas ce mélomane accroc au compil Radio Contact.
Quand on lui demande s’il a l’exploit de fin de saison en tête : « Bien sûr, quand-tu-gagnes-à-10-contre-11-à-l’extérieur-contre-le-premier-du-championnat-et-en-le-privant-du-titre-à-la-dernière-journée-en-défendant-tout-le-match-dans-les-30-derniers-mètre-(NdlR, phrase prononcée d’une traite sans respiration). Elle est là l’inspiration ! » confirme-t-il rougeaud en la reprenant.
Il relance même de manière provocante : « faire du Guardiola avec de tels joueurs c’est aussi audacieux que d’amener des hobbits en NBA. C’est marrant à regarder mais point de vue résultat ça pêche un peu. Cette équipe a un potentiel énorme mais dois jouer sur ses qualités. La passe, le contrôle oublions tout ça. La hargne, le duel, les courses incessantes, le contre-chanceux c’est là-dessus qu’il faut être ambitieux ».
D’un point de vue méthode, La-Trompette est adepte du rossage en règle pour forger l’esprit d’équipe et restaurer la confiance. Après de nombreux repérages au Nua et dans d’autres clubs du centre-ville, le directeur sportif souhaite intégrer des méthodes innovantes pour imprimer son style. Les joueurs seront incités à avoir des comportements irréprochables en troisième, quatrième et bien sûr cinquième mi-temps dans les plus sombres latinos-clubs de la capital. « Je pense même instaurer de nouvelles destinations nocturnes, B-Club, Acte-3, Knokke-Out, il faut savoir sortir de sa zone confort » complète le gardien, aux idées décidément bien disruptives.
Il conclue cet entretien sur une note d’espoir « Je veux que mon équipe retrouve la confiance, qu’ils défendent mal ou…bien, de toute façon je serai là pour les exploits sur la dernière ligne». On l’aura compris, Juju-La-Trompette sonne la retraite, en espérant que ça ne rime pas avec défaite…
#89