Arnaud : « Mes coéquipiers savent ce que je vaux »

Arnaud confie: "Les Ster's étaient prêts à débourser une somme astronomique pour mes beaux yeux."

Notre meneur de jeu est désormais réputé pour avoir une ardeur de retard. À un chouia de devenir capitaine, à un brin de trouver un nouveau terrain pour la prochaine saison et à un poil d’être nommé nouveau coach, poste qu’il briguait secrètement. À la place, on l’a mis préparateur physique. Un lot de consolation ? Arnaud le promet : « Cette saison, je ne serai jamais en retard sur le terrain ». Interview avec l’Aigle qui a survolé les 20 km de Bruxelles 2016 et qui, enfant, voulait devenir cycliste professionnel.

 

Vous êtes sec, assez petit et physiquement très fort. Bref, le profil parfait pour un grimpeur au Tour de France. Or, vous avez préféré au bitume du Mont Ventoux l’herbe trouée et boueuse du complexe sportif de la STIB. Pourquoi ce choix ?

Arnaud : Je ne suis pas sec (il répond sur un ton sec, NDLR). Au contraire, j’ai tendance à mouiller très vite quand je fais du sport. N’importe quel sport d’ailleurs, si vous voyez où je veux en venir… (rires). Pour en revenir au vélo, j’ai vite compris que seul le Tour de France jouissait d’une véritable exposition médiatique. Les autres compétitions, tout le monde s’en branle comme des couilles de mon grand-oncle (sic). J’ai donc choisi le foot, un moyen plus facile de gagner énormément d’argent et de devenir une star mondiale.

Justement, à 27 ans, vous êtes encore un anonyme aux yeux du grand public. Est-ce par frustration que vous avez pris l’habitude de piquer de violentes colères sur le terrain ?

Vous rigolez ? Je suis plus célèbre que n’importe quel joueur de D5 ! J’ai 322 fans sur Facebook et, en ce moment même, vous m’accordez une interview.

D’accord, mais pour ce qui est du salaire…

Vous n’imaginez pas ce que je gagne en tant que meneur de jeu. Romain, le Trésorier du Club, est tellement en admiration devant mon talent qu’il est prêt à tout pour moi. Il suffit que je lui dise : « Si tu n’augmentes pas mon salaire, je m’en vais voir chez les Ster’s » pour qu’il triple ma rémunération. Et comme je fais ça chaque semaine…

Ce comportement n’attise-t-il pas des jalousies dans le vestiaire ? On sait par exemple qu’un joueur comme Gilles ne touche que 23 euros bruts par match…

Et comme il ne joue jamais, pas étonnant qu’il croupisse dans une ruine ! Quant aux autres, ils ont accepté depuis longtemps ce régime de préférence car ils savent ce que je vaux. Le directeur sportif des Ster’s m’a d’ailleurs déjà approché pour une somme qui ferait pâlir d’envie la plupart des clubs…

Combien ?

Je ne vous le dirai pas.

Allez si, combien ?

Non, c’est non. Faut que je vous le dise en quelle langue ?

En allemand.

Nietzsche. Heu Niet, pardon.

Pourquoi l’AFCAN a-t-il refusé l’offre, si elle était si alléchante ?

Car j’aime ce club. On s’y sent bien, Saint-Nicolas est super généreux et j’adore les lapins qui jouent avec nous pendant l’entraînement.

Revenons à l’essentiel. Vous avez manqué de peu de trouver un nouveau terrain pour la saison 2016-2017, vous avez failli être nommé capitaine quelques mois plus tôt et voici que Pouke vous souffle au finish le poste de coach. Seriez-vous destiné à être éternellement juste en retard ?

Je crois que, quand on signe un 1h17 aux 20 km de Bruxelles, on est plutôt voué à être largement en avance sur la plupart de ses coéquipiers. Mais soit. C’est sûr que j’ai joué de malchance pour le nouveau terrain, et de tact pour le poste de coach. En face, j’avais affaire à Pouke, un homme déterminé, stratège et… comment dire… manipulateur.

Manipulateur ?

Il a fait des promesses à la direction qu’il ne pourra jamais tenir.

Vous voulez dire… de l’argent ?

Non, autre chose… En nature… Mais je n’oserais pas le dire ici.

Bon, passons. L’objectif des Aigles, cette saison, c’est quoi ?

Champions, ni plus ni moins. Et je peux vous l’assurer dans le blanc des yeux, cette saison, je ne serai jamais en retard sur le terrain.

Propos recueillis par #10.